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Attentats terroristes : les questions que vous nous avez le plus posées

Légendes urbaines ou points basiques, les Décodeurs font le tour des questions les plus posées dans notre « live » pendant les attaques terroristes.

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Publié le 14 janvier 2015 à 12h23, modifié le 15 janvier 2015 à 10h18

Temps de Lecture 8 min.

Quatre jours après la mort des trois principaux suspects dans les attentats terroristes contre Charlie Hebdo et le supermarché casher de Vincennes, les Décodeurs reviennent sur les questions les plus récurrentes dans le live, suivi par près de 800 000 personnes par moments.

Que s'est-il passé à « Charlie Hebdo » ?

Mercredi 7 janvier, vers 11 h 15, alors que les membres de la rédaction de Charlie Hebdo sont réunis, deux hommes armés de fusils d'assaut entrent dans un immeuble de la rue Nicolas-Appert, dans le 11e arrondissement de Paris. Ils se trompent d'abord d'adresse, puis arrivent au bon numéro. Là, ils abattent un agent d'entretien, Frédéric Boisseau. Ils entrent dans les locaux de Charlie Hebdo, prenant la dessinatrice Coco en otage pour se faire ouvrir la porte. Ils abattent les personnes présentes. La tuerie dure quelques minutes à peine.

Lire le témoignage : « C'est Charlie, venez vite, ils sont tous morts »

Ils ressortent ensuite, criant « on a vengé le prophète ! » et croisent par hasard une patrouille de police en VTT, puis une voiture de police. A chaque fois, ils tirent. C'est en croisant une troisième patrouille qu'ils feront une nouvelle victime, le gardien de la paix Ahmed Merabet, abattu au sol. Ils repartent ensuite à bord d'une Citroën C3 noire (aux rétroviseurs chromés, ce qui déclenchera une vague de théories complotistes sur un changement de voiture), qui fonce vers le nord de la capitale.

Place du Colonel-Fabien, elle percute une voiture. Les deux tireurs présumés sortent du véhicule rue de Meaux, un peu plus au nord, et braquent une Clio beige, en extirpant son conducteur, avant de s'enfuir par la porte de Pantin, où les policiers perdent leur trace.

Qui sont les responsables ?

La police identifie dans la nuit de mercredi à jeudi, sur la foi d'une pièce d'identité oubliée dans leur véhicule, deux profils, ceux de deux frères de nationalité française, Saïd et Chérif Kouachi.

Lire le portrait : Article réservé à nos abonnés Les frères Kouachi et Coulibaly, des pionniers du djihadisme français

Cherif Kouachi, le cadet, âgé de 32 ans (l'aîné en a 34), petit délinquant du quartier des Buttes-Chaumont, dans le 19e arrondissement de Paris, a été impliqué dans des filières de départ pour le djihad vers l'Irak.

Il est arrêté et incarcéré entre janvier 2005 et octobre 2006 à Fleury-Mérogis, où il se lie avec l'islamiste Djamel Beghal et un certain Amedy Coulibaly. Condamné en 2008 à trois ans de prison, dont dix-huit mois ferme, Chérif Kouachi reste libre car il a purgé sa peine. Amedy Coulibaly sort de prison en mars 2014.

Lire le témoignage : Amedy Coulibaly : « La prison, c’est la putain de meilleure école de la criminalité »

Hayat Boumeddiene, son épouse, est en fuite en Syrie, aidée par la filière afghane. La jeune femme, âgée de 26 ans, a quitté la France quelques jours avant les attentats ; elle avait auparavant échangé près de 500 SMS avec l'épouse de Chérif Kouachi.

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Les enquêteurs recherchent aussi les complices qui ont monté, après les attentats, la vidéo dans laquelle Amedy Coulibaly détaille son projet meurtrier.

Qui est le troisième homme ?

Il n'y avait en réalité pas de « troisième homme », même si un témoin a évoqué une personne à scooter au moment de l'assaut. Dans la soirée, plusieurs éléments permettent d'identifier trois suspects potentiels. L'un, Mourad H. (dont la sœur est l'épouse de Chérif Kouachi), se présente spontanément au commissariat pour s’expliquer. Il est relâché au bout de quarante-huit heures de garde à vue : il était au lycée au moment des faits.

L'identité de celui qui est alors présenté comme le « troisième homme » a été livrée par un journaliste très controversé, Jean-Paul Ney, qui a publié sur son compte Twitter un avis de recherche policier sur lequel figurent les noms, prénoms et dates de naissance des trois suspects.

Les réseaux sociaux s'enflamment, l'information est reprise par un site francophone proche de l'extrême droite israélienne, puis par quelques titres nationaux, avant d'être démentie. Pour le jeune homme, cette dénonciation se transforme en enfer : son nom livré en pâture sur les réseaux sociaux, il est menacé physiquement. Au final, donc, il n'y avait aucun « troisième homme » mais deux tireurs, les deux frères Kouachi.

Que s'est-il passé en Picardie ?

Les deux frères Kouachi braquent jeudi matin une station-service près de Villers-Cotterêts, en Picardie. La région est placée en alerte attentat Vigipirate, comme l'Ile-de-France.

Dans l'après-midi, les hommes du RAID et du GIGN mènent une vaste traque près de Villers-Cotterêts (Aisne) et Crépy-en-Valois (Oise). Dans la soirée, les forces de l'ordre continuent de ratisser la zone, jusqu'à la forêt domaniale de Retz.

Vendredi matin, une fusillade éclate dans la zone industrielle de Dammartin-en-Goële, avant que les suspects ne se retranchent dans une imprimerie où ils finiront par être abattus par les hommes du RAID. Un employé sort sain et sauf, après s'être caché pendant le siège ; le patron de l'entreprise avait, lui, réussi à convaincre les terroristes de le libérer.

Lire (édition abonnés) : Article réservé à nos abonnés Les frères Kouachi cernés par la police

Que s'est-il passé à Vincennes ?

Vendredi, à 13 h 30, une fusillade éclate dans un supermarché casher de la porte de Vincennes, en bordure de la commune de Saint-Mandé. Le preneur d'otages est neutralisé et abattu lors d'un assaut qui a lieu au même moment que celui de Dammartin.

Des policiers sont blessés. Plusieurs otages sont libérés. D'autres ont été tués par le terroriste, identifié comme Amedy Coulibaly, qui sera aussi reconnu comme l'auteur d'une fusillade, qui a fait une blessée (qui mourra ensuite) parmi les forces de l'ordre jeudi matin à Montrouge.

Par ailleurs, l'agression par balles d’un joggeur, sur la coulée verte, à Fontenay-aux-Roses dans la soirée du 7 janvier, pourrait avoir un lien avec les attentats de Charlie Hebdo. Les étuis percutés retrouvés à Fontenay sont les mêmes que ceux du pistolet automatique Tokarev ramassé dans le supermarché. La section terroriste du parquet de Paris est saisie de ces faits.

Qui sont les victimes et les blessés ?

On compte au total 17 morts : les signatures historiques de Charlie Hebdo, Jean Cabu, Bernard Verlhac dit « Tignous », Philippe Honoré, Georges Wolinski, Stéphane Charbonnier dit « Charb », le directeur, l'économiste Bernard Maris, mais aussi le correcteur Mustapha Ourrad, la psychanaliste et chroniqueuse Elsa Cayat, ou l'ancien directeur de cabinet Michel Renaud.

Autres victimes, Franck Brinsolaro, policier attaché à la protection de Charb, l'agent d'entretien Frédéric Boisseau et l'agent de police Ahmed Berabet dans le 11e arrondissement, ainsi que la policière de Montrouge, Clarissa Jean-Philippe.

Lire (édition abonnés) : Article réservé à nos abonnés Trois morts, le lourd tribut payé par la police

A Vincennes, quatre personnes de confession juive sont mortes dans le supermarché. Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) a révélé leurs noms samedi : il s'agit de Yoav Hattab, Yohan Cohen, Philippe Braham et François-Michel Saada. Les quatre hommes étaient français, mais le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a accédé à la demande des familles qu'ils soient enterrés dans l'Etat hébreu.

On compte également plusieurs blessés, mais on ignore leur nombre exact. Parmi eux, Simon Fieschi, webmaster de Charlie, le journaliste Fabrice Nicolino, le dessinateur Riss ou l'écrivain Philippe Lançon, ainsi que quatre policiers lors de l'assaut de Vincennes.

Pourquoi les attaques n'ont-elles pas été déjouées ?

Si les lieux de culte fréquentés par les trois terroristes sont surveillés par les services secrets, les auteurs des attentats ont réussi à passer entre les mailles du filet.

Lire : Les ratés à répétition du renseignement français

En dépit de sa proximité avec des figures de l'islamisme radical international et malgré sa participation à la tentative d'évasion de l'un d'entre eux, responsable de l'attentat de la station de RER Musée-d'Orsay en 1995, Amedy Coulibaly est resté cantonné dans la case du droit commun.

Plus grave encore, d'après une source proche de l'enquête, «  la documentation des services n'était pas à jour. Sur la dizaine d'adresses communiquées par la DGSI [Direction générale de la sécurité du territoire], plusieurs n'avaient rien à voir avec les suspects ou alors étaient périmées ».

Le problème est que la lutte antiterroriste manque encore de moyens, au moins au niveau du travail d'enquête : la section spécialisée du parquet de Paris (dite « 14e section », ou « section A6 ») dispose de seulement sept magistrats. Elle a reçu des renforts d'autres sections pour cette enquête.

Qu'est-ce que le compte à rebours vu sur Internet ?

Vous êtes nombreux à nous avoir interrogés depuis deux jours sur le site opcharliehebdo, une page qui arborait un compte à rebours sur fond de drapeau islamique.

Le site affiche le symbole du masque des Anonymous mais ces derniers ont démenti être à l'origine du site. En réalité, il a été créé par Rantic, une « société de marketing » spécialisée dans la vente de trafic Web, qui a mis à jour le site pour qu'il redirige désormais les visiteurs sur son site.

Cette « entreprise », qui n'a pas d'existence légale, avait déjà été impliquée dans la création d'une fausse page de menaces contre Emma Watson, au moment de la publication de photos nues de célébrités.

Pourquoi Marine Le Pen a-t-elle été exclue du défilé ?

Il y a eu le 7 janvier deux appels à manifester : celui des partis politiques de gauche (Parti socialiste, Europe Ecologie-Les Verts, Parti communiste français, Parti radical de gauche, Mouvement républicain et citoyen) pour le samedi 10 janvier à Paris, et celui des associations antiracistes (Ligue des droits de l'homme, Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme, Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples, SOS-Racisme) pour le dimanche 11 janvier à Paris.

Ces deux appels ont fusionné en décidant de s'élargir aux partis de droite ; se pose alors la question de la participation du Front national (FN) : le socialiste François Lamy et les associations antiracistes refusent que l'unité nationale aille jusqu'au FN.

C'est pourquoi, finalement, outre les associations antiracistes et les syndicats, treize partis politiques signent sans le FN l'appel à marcher dimanche 11 janvier à Paris : PCF, Parti de gauche, Ensemble, Gauche unitaire, EELV, Nouvelle Donne, MRC, PS, PRG, Front démocrate, Mouvement démocrate, Union des démocrates et indépendants, Union pour un mouvement populare.

Reste, comme le dira à plusieurs reprises François Hollande, que « tous les citoyens peuvent venir aux manifestations ». Marine Le Pen choisit d'appeler à ne pas défiler à Paris et, pour sa part, de se déplacer à Beaucaire, ville du sud de la France, gagnée en mars par le Front national.

« Pour être tout à fait honnête, le président de la République a indiqué que ma sécurité serait assurée et je l'en remercie, mais je ne vais pas essayer de m'introduire dans une manifestation où, manifestement, les organisateurs principaux ne veulent pas nous y voir », a-t-elle argumenté.

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